Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

L’instant de bascule


La femme, blonde et élancée, était assise en haut d’un immeuble, les jambes dans le vide. Un mouvement derrière.

– Alors Vous venez pour moi aussi.

La personne qui était apparue se rapprocha. Les cheveux noirs en bataille, des vêtements décontractés dans le style plutôt volontairement déchiré. Son air grave mais serein contrastait avec son apparence.

Des bruits se faisaient entendre en contrebas.

– Vous savez, je n’étais même pas au courant que j’existais avant ce soir. J’ai l’impression d’avoir toujours été là, et en même d’avoir tout juste apparu.

Les bruits se rapprochaient.

Les deux femmes se tenaient maintenant côte-à-côte, la blonde toujours assise sur le parapet, et celle aux cheveux noirs accoudée à celui-ci. Elle prit la parole d’une voix douce :

– C’est toujours comme ça. Ils ne se rendent pas compte que tu existes, jusqu’à ce moment, jusqu’à ce que je vienne te chercher.

Elles regardèrent le soleil à l’horizon, et les ombres qui s’agrandissaient au sein de la ville. Les bruits se firent proches, pressants, et beaucoup plus distincts. Il s’agissait de coups de feu et d’explosions.

– Il est temps que l’on y aille.

La Mort, le visage serein encadré de ses cheveux noirs, tendait la main à l’Innocence, fragile, défigurée par la tristesse et les pleurs retenus.


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