La femme, encore une fois habillée d’un tailleur gris et monotone, était retombée sur les fesses, chute heureusement amortie par le nuage. Elle se frottait le front en grimaçant de douleur. Ouvrant les yeux, elle se rendit compte que ses chaussures manquaient. Elle ne les aperçut nulle part aux alentours.
À quelques pas, elle vit la petite fille qu’elle commençait à avoir un peu trop l’habitude de connaître.
– Bonjour.
– Bonjour, soupira-t-elle.
Elle s’appuya sur ses genoux, et prit le temps d’observer un peu le paysage cotonneux, en silence. À part les cerfs-volants, qui se balançaient doucement au gré d’un vent qu’elle ne pouvait sentir, c’était blanc, et vide.
– C’était bizarre cette fois-ci.
La petite fille se contenta de hocher la tête sans répondre.
– J’étais en train de faire un rêve normal. Enfin, normal pour un rêve.
Elle se remémora. Elle choisit soigneusement de ne pas le raconter à l’enfant qui lui faisait face. Si seulement c’était bien un enfant, en y réfléchissant, elle n’en était pas sure.
– …et là, il s’est passé quelque chose d’étrange. Ça a été comme interrompu, et j’ai des images très fortes qui m’ont… tapé le rêve, un peu, si tu vois ce que je veux dire. On aurait dit un combat, contre quelque chose d’immense et très, très fort.
Elle eut un frisson en repensant aux brefs flashs qu’elle avait en quelque sorte vécus, à la peur qui n’était pas la sienne mais qui s’était emparée d’elle, aux cris qu’elle avait entendus. Et surtout, à la violence, à la brutalité et la fureur, des coups qu’elle avait perçus.
La petite fille lui répondit :
– Le problème, c’était pas votre rêve. Ça, c’est l’écho d’un autre rêve, très vieux. Ça arrive parfois.
Elle lui tendit le bras, tenant une ficelle.
– Tenez. C’est cadeau, quand ça arrive.
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