Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

La rencontre


La Tortue était abattue. Alors qu’elle avait fait le parcours aller à toute vitesse, elle traînait maintenant des pieds en marchant lentement, la tête basse. Elle était complètement démotivée par le refus du Grand Dévoreur, et ne se trouvait plus aucun objectif. Elle avançait lentement, dans la steppe aride.

– Bonjour !

La petite voix avait raisonné en dessous d’elle. La Tortue la regarda avec surprise. Il s’agissait d’un Escargot, qui lui souriait en l’observant.

– Je n’ai pu m’empêcher de remarquer que vous avez l’air bien triste. Et aussi que vous ne prêtiez guère attention à là où vous marcher, et que vous avez bien failli m’écraser. Vous serait-il arrivé quelque misère ou infortune ?

La Tortue ne put alors se retenir de tout lui raconter. De l’attaque chez elle, à la fuite, le trajet éprouvant jusqu’à la caverne du Grand Dévoreur… et tout cela pour rien, puisqu’il avait refusé de l’aider.

– Ma foi, il est vrai que c’est là une sacrée mésaventure. Que diable comptez-vous faire désormais ?

– C’est bien là le problème ! Je n’en sais rien… J’ai n’ai plus d’idée, et pour ce que j’en sais, même plus de maison.

L’Escargot réfléchit un moment.

– Eh bien dans ce cas, me permettrez-vous de vous accompagner ? Je suis moi-même plutôt désœuvré, et, je dois l’admettre, un peu perdu ici.

– Cela me va.

– Avant, je dois tout de même vous poser la question. Y aura-t-il de la laitue, là où nous allons ?

– Moi, en tout cas, j’aime ça.

– Eh bien alors en route !

Et, sur cette exclamation, les deux se mirent en mouvement.

– Oh la, oh la, oh la !

La Tortue se retourna. L’Escargot était déjà plusieurs pas derrière.

– Il m’est impossible de vous suivre ! Vous avez de bien trop grandes pattes, et allez bien trop vite !

Ils plongèrent alors dans une profonde réflexion. Le fait est que les tortues fonctionnent différemment de nous autres humains. Elles ne sont certainement pas plus bêtes que nous. C’est juste que leur réflexion est bien plus lente – mais à l’inverse, elles se trompent beaucoup moins.

– Je sais ! Je n’ai qu’à vous porter sur mon dos.

– Cela me semble une très bonne idée ! Et des plus reposantes, également.

Les deux partirent à nouveau, désormais l’un sur l’autre.


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