La Tortue et l’Escargot avaient pris le temps de discuter, d’apprendre à se connaître. Cela avait été agréable maintenant, mais maintenant ils marchaient – enfin, la Tortue marchait et l’Escargot se faisait porter – en silence.

Ils arrivèrent à un cours d’eau. Ce n’était pas grand-chose, tout juste un filet d’eau qui courait sur le sol. La Tortue se mouillait à peine les pieds, mais l’Escargot se félicitait de ne pas devoir s’immerger.

– Hey hey vous là ! Attendez restez là !

– Qu’est-ce donc ? Vous avez bien entendu quelque chose, Tortue ?

Ils regardèrent autour d’eux. Rien.

– Ici, là ! Plus bas !

Ils baissèrent les yeux. Un tout petit être se tenait sur un caillou au milieu de l’eau, agitant vivement les bras, et leur parlait d’une voix rapide et aiguë.

– Enfin ! Vite, aidez-moi ! Je naviguais sur le courant, et je me suis échoué sur cette île. Impossible de repartir !

Au bout de son bras tendu, se trouvait effectivement une coquille de noix, fendue. Des rames de la taille de brindilles étaient posées à côté.

– Morbleu ! Tortue, nous ne pouvons pas l’abandonner ici ! Il nous faut lui venir en aide !

La Tortue haussa les épaules – ou ce qui s’en approche pour une tortue.

– C’est-à-dire que je ne pense pas que ça me chargera beaucoup, de toute façon.

Et elle s’accroupit dans l’eau pour se mettre un peu plus à son niveau. L’Escargot tendit une antenne pour l’aider à monter, ce qu’il regretta très vite parce que c’est en réalité très douloureux. Mais rapidement, le petit humanoïde fut sain et sauf à bord.

– Mais dites-moi, très chère, qu’êtes-vous donc ?

– Une petite personne ! Nous sommes tout petits, ce qui n’est pas facile, alors nous ne sommes plus très nombreux.

– Les petites personnes ! Je ne connaissais pas cette peuplade. Vous devez absolument m’en dire plus.

La petite voix poursuivit alors, entreprenant de parler de navigation dans des coquilles de noix, et de la vie en général quand une groseille représente un repas complet.