Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

La Tortue


La Tortue fuyait de toute la vitesse de ses petites pattes. Derrière elle retentissait le fracas, féroce, du saccage de chez elle. Alors qu’elle et les autres tortues étaient occupées à leur vie tranquille – essentiellement manger de la laitue – le Renard avait surgi en détruisant tout sur son passage.

La Tortue soufflait comme un bœuf. Elle se sentait vidée de son énergie, épuisée après avoir couru de toutes ses forces. Elle se sentait très seule également. Elle passa la nuit entre deux pierres, dans le froid, arrosée par la pluie.

Le lendemain, au clair du petit jour, elle prit la décision de se venger. Elle sentait sa colère l’animer et la pousser. Mais elle ne savait pas comment faire, alors elle décida d’aller demander conseil… au Grand Dévoreur. C’était une vieille légende, celle d’un monstre tapi dans une grotte… Mais il était loin, alors la Tortue se mit en route au plus tôt.

Le voyage fut long et éreintant. Elle traversa des paysages inconnus, des plaines désertes comme des forêts humides, en luttant contre la faim.

Elle arriva finalement devant une grotte sombre. Prenant son courage à deux mains, elle pénétra à l’intérieur. De l’eau gouttait de partout au plafond, et des filets d’eau ruisselaient au sol entre les pierres. L’humidité était omniprésente.

– Qui vient me déranger pendant mon repos ?

La voix, grave, puissante, avait retenti et résonné dans la caverne. La Tortue savait, en l’entendant, qu’elle appartenait à une créature ancienne, d’une autre époque. Tremblant de peur, elle répondit :

– C’est moi, la Tortue, et je suis venu vous demander conseil Ô Grand Dévoreur.

– Et quel conseil es-tu venue chercher jusqu’ici, petite Tortue ?

– C’est à cause du Renard. Il est venu chez nous, nous a attaqué, et a tout détruit ! Apprenez-moi à dévorer comme vous.

Des frottements inquiétants se firent entendre, ceux d’une créature immense qui glisse sur la pierre. Mais elle resta toujours hors de vue.

– Tu fais fausse route, Tortue. J’ai, moi aussi, un jour cru que tout dévorer était la solution. Mais je faisais fausse route, et je me suis retrouvé seul. J’ai fini par comprendre mon erreur. Crois-moi, ta véritable force se tient en celles des personnes dont tu t’entoures. Aujourd’hui, ce n’est plus mon temps, plus mon époque, et je suis seul. Mais tu n’as nul besoin de faire de même.

– Mais ! J’ai besoin que vous me disiez comment me battre et me venger !

– Non, Tortue. Va, rentre chez toi, et réfléchis à ce que je t’ai dit. Tu finiras par me comprendre.

Un nouveau glissement, vif. La Tortue était toute seule, désormais. Elle ressortie, frustrée.


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