Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

Préparations de guerre


Ce jour-là, Jao sécha les cours. Ce n’était pas quelque chose qu’il faisait normalement, mais il avait cette fois quelque chose de vraiment plus important à faire : il devait se préparer.

Il passa chez son amie Béa, discrètement, sans attirer l’attention des adultes. Il savait qu’elle serait seule, elle ne se laissait pas faire et faisait la guerre à tous ceux qui avaient atteint l’âge de la puberté. C’était une vraie dure à cuire.

« J’ai besoin d’une arme », lui déclara-t-il, sans même prendre le temps d’échanger quelques politesses. Elle le jaugea de haut en bas, les poings sur les hanches. Elle lui répondit qu’à un bleu comme lui, elle ne pouvait conseiller qu’une lance, et à son air grave elle comprit que l’affaire était sérieuse.

Elle lui confia donc une bonne lance, une branche de chêne ramassée en forêt il y a fort longtemps et passée de génération d’enfants en génération d’enfants.

Jao alla ensuite trouver Mario. Mais celui-ci n’était pas comme Béa, aussi dut-il attendre qu’il rentre de l’école, assis sur le trottoir devant le portillon de son immeuble. Lorsque enfin il le vit arriver, il sauta sur ses deux pieds et trottina à lui.

Encore une fois, il ne put s’expliquer en détail. Mais il lui demanda de l’aider à s’équiper pour une dure bataille, parce qu’il savait que Mario avait toutes sortes de choses qu’il collectionnait, trouvait, ou bricolait.

Avisant la lance, Mario lui conseilla de prendre de quoi se défendre en plus. Et, comme il lui faisait confiance, et que c’était un très bon copain, il lui remit son bouclier Captain America, édition collector limitée, plus vrai que vrai.

Rentrant chez lui, Jao se prit cette fois un solide goûter. Pour endormir les soupçons, il fit consciencieusement ses devoirs. Au dîner, il dévora tout ce qu’on lui donnait, pour prendre des forces. Enfin, il alla se coucher.

Aussitôt la lumière éteinte, il se releva et alla chercher son équipement. La mine ferme et résolue, il se rallongea, en tenant sa lance dans une main, et le bouclier dans l’autre. Et, sur son ventre, il avait pris son ours en peluche.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *