Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

Nouvelle autodéfense


La veille, Jao était allé rendre ce qu’il avait emprunté à Béa et à Mario, après l’école. Il les avait remerciés avec beaucoup de sérieux en leur tendant la lance ou le bouclier, et il leur avait assuré ne plus en avoir besoin. Même s’ils ne savaient pas tout, ses amis étaient au moins contents de voir qu’il allait mieux.

Aujourd’hui, il alla en cours, et il se sentait comme un nouveau garçon. Il se sentait bien, parce qu’il arrivait enfin à dormir sans soucis. Il suivit ses leçons assidûment, et trottina toute la journée en souriant. On pouvait apercevoir deux bras de peluche dépassant de chaque côté de son cartable.

Il se préparait à quitter l’école, se dirigeant vers la sortie, lorsqu’il fut interrompu brusquement en se faisant tirer dans le dos.

Marline se tenait là-derrière.

– Et bah alors, où il va comme ça, le naze ?

Le visage de Jao s’éteignit, et il prit un air grave.

Un acolyte qu’il n’avait pas vu lui envoya soudainement un coup de pied dans l’arrière du genou, l’envoyant tomber à genou. Dans le même mouvement, Marline lui arracha son sac en riant grassement.

– Bouh, le bébé, il a même pris sa peluche !

Les moqueries fusèrent encore une fois, pendant qu’elle jetait le nounours derrière elle sans même y prêter plus attention, fouillant le cartable pour essayer de trouver autre chose. Jao regarda droit devant lui, mais ce n’était pas ses agresseurs qu’il fixait.

C’était quelque chose derrière elle, qui grandissait lentement.

Quelque chose de lourd vint tapoter l’épaule de Marline, qui se retourna.

Une gueule béante, plus grosse que la tête entière de l’enfant, attachée à un animal plié en deux à cause du plafond trop, poussa un rugissement sauvage pendant une dizaine de secondes, agitant ses crocs à quelques centimètres de son visage et lui postillonnant dessus tout du long.

Toute la bande hurla de panique et s’enfuit en courant. L’un d’entre eux glissa sur le sol et se releva avec difficulté en dérapant, puis essaya de rattraper les autres en criant « Attendez-moi ! Attendez-moi ! ».

Jao ramassa ses affaires et les rangea dans son cartable. Puis il récupéra son ours en peluche assis au sol, et l’épousseta avant de le remettre à sa place. Il partit de l’école en souriant.


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