Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

L’ombre dans le coin de la pièce


Dans la pénombre de la chambre d’enfants aux rideaux fermés, les jouets en désordre sur le sol au contour à peine discernable, une ombre debout dans l’angle de la pièce les regardait dormir. Elle n’était pas tout à fait visible, pas tout à fait présente, mais quelqu’un aurait ressenti sa présence. Et son regard semblait percer, lourd et intense.

– Que fais-tu là ?

Une voix féminine avait murmuré à l’oreille, où l’emplacement supposé d’une oreille, de l’ombre. Mais sa propriétaire restait invisible, ou peut-être inexistante.

L’ombre attendit un moment avant de répondre d’une voix douce.

– Tu sais ce qu’il se passe dans leur tête ?

Silence.

– Moi je le vois. Je suis en train de les regarder rêver, de regarder leurs rêves.

Silence.

– À quoi cela te sert-il ? Quelle étrangeté me fais-tu là ?

Silence, encore.

– Qu’est-ce que ça fait, de rêver, tu le sais, toi ? Est-ce que c’est ça, être humain ?

Il n’y avait jamais vraiment eu de présence, et pourtant une absence certaine se fit sentir, et elle se fit sentir hautaine et dédaigneuse. Le silence qui s’installa se fit long, et se teinta de solitude.


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