Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

Forêt de crayons


Maelle enfila ses gants de cuir de souris – c’était à peu près le seul équipement qui composait son uniforme de travail – puis elle sortit de son cabanon. Elle alla prendre son grand seau, soit la taille d’une tasse à café espresso, et comme tous ses jours de travail, elle commença par arroser les petites pousses.

Certaines étaient minuscules, dépassant à peine du sol. Elles n’avaient pas encore de couleur, cela viendrait plus tard, quand ils seraient un peu plus haut. Humidifier la terre meuble lui prenait toujours beaucoup de temps, à cause des allers-retours au puits, mais ce n’était pas nécessaire toute l’année – elle ne faisait pas de nouvelle plantation tous les jours.

Elle s’enfonça ensuite dans le cœur de sa forêt, pour l’examiner et l’inspecter, détecter au plus tôt les problèmes et les maladies. Les grands crayons l’entouraient de toutes parts, rouge, bleu, jaune, orange, et toutes les autres couleurs. Elle avait même quelques blancs qui poussaient en prenant leur temps – c’est pourquoi ils sont si rares. Les troncs étaient parfois hexagonaux, parfois ronds, et certains même ovales, tout dépendait des variétés. Elles préférait avoir une forêt variée et diversifiée, mélanger les essences, c’était plus résistant.

Elle retourna se saisir de sa hache. Elle devait abattre quelques crayons à maturité aujourd’hui. En circulant, elle sourit devant la crème de la crayoniculture. Un grand crayon multicolore se dressait fièrement, et elle le tapota de la main en passant devant. Il était très exceptionnel d’en avoir, aussi attendait-elle qu’il grossisse le plus possible.

Elle arriva devant le crayon vert qu’elle devait découper, et se mit à l’ouvrage à grands coups de hache. Il tomba enfin dans un grand fracas, et elle s’épongea le front.

Bien évidemment, la découpe était irrégulière, elle devrait retailler ça proprement à la scie. Ensuite, le ferronnier passerait fixer la gomme qu’elle se faisait livrer depuis des plantations dans le Sud, et le crayon serait prêt.


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