Il partit de son travail et fit son trajet retour habituel dans un bus bondé. Arrivé chez lui, il se fit cuire rapidement quelques pâtes et réchauffer un reste de soupe. Il s’installa devant sa télévision et mangea rapidement. Sur son téléphone, il consultait vaguement les réseaux sociaux, apprenait brièvement quelques nouvelles sur les femmes qui perdaient des libertés, des étrangers qui n’avaient plus le droit d’être soignés. Des gens dans la rue parce qu’on voulait qu’ils travaillent toujours plus.
Il éteignit son téléphone et se contenta de sa série. Il finit de manger, alla se laver, puis se coucher directement.
Il s’endormit dans son lit.
Il se réveilla sur un sol froid et dur. Clignant des yeux, il essaya de distinguer quelque chose. C’était noir.
Il se redressa. Il n’y avait aucune source de lumière, et pourtant il avait quand même l’impression de voir autour de lui. Mais c’était seulement noir.
Il crut percevoir un mouvement et se retourna brusquement. Rien.
Et soudain, si. Un visage apparut devant lui, en un instant, montant depuis le vide. Ce n’était pas un visage humain. Il était rectangulaire, et la face plate. Et il faisait deux fois sa taille. Il n’y avait pas de nez, et il ne distinguait pas de bouche. Seulement deux yeux immenses, et surtout complètement ronds, aux pupilles complètement noires. Et ces deux yeux le fixaient lui.
Cette tête était attachée à un corps longiligne et tout autant bizarrement anguleux. La peau en était terne, grisâtre, ressemblant à de la pierre. Il ne comprenait pas comment, mais ce corps semblait continuer dans le sol et être pourtant visible.
– Que… Qui êtes-vous ?
Pour toute bouche, une fente s’ouvrit dans le visage de la chose.
– Je suis tes rêves.
Il était effrayé et ne comprenait rien à ce qu’il se passait. Sa voix tremblotait.
– Comment ça mes rêves ? Où est-ce que je suis ?!
– Tu dors. Tu es dans un rêve. Mais moi je suis différent. Je suis tes rêves.
Il remarqua que le géant ne clignait pas des yeux. Jamais.
– Non, je ne ferme jamais les yeux. J’observe, tout le temps. Toi.
Il frissonna.
– Qu’est-ce que vous me voulez ?
– Je n’aime pas ce que je vois.
Il se réveilla en sursaut, tremblotant et trempé de sueur, son réveil sonnant de toutes ses forces sur sa table de chevet.
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