Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

À la recherche de la Mort


Il avait toujours été connu pour son obsession pour la Mort, et c’est pourquoi il était parti à sa recherche à travers le monde entier. Pendant des années, il la suivit à la trace, guettant toutes les rumeurs, fouillant tous les endroits où elle avait été aperçue. Il avait traversé un désert aride, escaladé des falaises abruptes, retourné des forêts incendiées, arpenté des villes en ruine et d’anciens temples.

À chaque fois qu’il arrivait, elle était déjà repartie.

Ce jour-là, il était allé à l’extrême Nord, affrontant le froid, le vent, et le blizzard, emmitouflé dans d’épais manteaux et le visage rougi. Une trouée soudaine dans les nuages le surprit, et il releva la tête.

Il se figea.

Elle était là, dressée sur un rocher noir, le fixant. C’était un chien, immense. Ou alors, était-ce un loup ? Il s’approcha en tremblant et tomba à genoux devant elle.

– Bonjour.

– Je t’ai enfin trouvée…

– Tous finissent par me trouver.

– Mais moi, je t’ai cherchée ! Pendant des années ! Car je voulais te voir, je voulais te comprendre, de mes propres yeux, de mon vivant !

La Mort s’enroula entour de lui, et sa longue queue touffue vint enserrer son torse. Ce contact le réchauffa jusqu’aux os.

Elle parla d’une voix douce :

– Tous me voient, mais on ne me voit qu’une seule fois. Jamais avant, jamais après, toujours au même moment.

– Mais…

Elle pointa derrière lui de son museau.

– Oh…

Il contempla son propre corps allongé dans la neige. La peau était devenue plus blanche que la neige qui commençait déjà à le recouvrir.

– Viens, maintenant. Un long voyage nous attend. Peut-être celui-ci pourra-t-il répondre à tes questions.


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