Anne était mage ouvreuse de chemin. Son travail consistait à tracer la route qu’on lui confiait, et ses sorts créaient la voie derrière elle. Elle avait plusieurs niveaux de prestation :
- Niveau 1 : Derrière elle, la végétation s’écartait, et le sol se découvrait, formant un sentier de terre battue. En option, ou quand elle se sentait généreuse, des panneaux étaient ajoutés pour éviter au voyageur de se perdre dans les broussailles.
- Niveau 2 : Cette fois, le sol se révélait sur plus d’un mètre de largeur, et les plantes s’orientaient sur les côtés de manière à ne pas revenir tout de suite sur le chemin.
- Niveau 3 : Une route de plus de deux mètres de largeur, avec graviers, et panneaux de virages dangereux.
Mais là, c’était une commande de niveau 4. Sur son passage, la végétation était repoussée loin sur les côtés. L’herbe se rétractait sur quatre mètres de largeur. Puis, enfin, un pavage poussait et fixait la voie en dur et pour longtemps. Des poteaux grimpaient de temps en temps sur les côtés, et des lanternes tombaient dessus avant de s’y balancer.
Elle continua son chemin pendant plusieurs jours, sur des dizaines de kilomètres. Le matin du sixième et dernier jour de son périple, elle avança d’un bon pas, pressée de terminer et de se reposer à l’auberge.
Mais au soir, elle dut se rendre à l’évidence. Elle avait raté la ville, qui n’était même pas en vue. En fait, elle était même à vingt kilomètres au nord, bien loin de là où elle avait dévié.
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