– Madame, nos résultats sont formels.

La scientifique tendait un dossier à sa supérieure. Elle avait l’air très préoccupée. Sa cheffe endossa ses lunettes et étudia rapidement le document.

– Madame, j’insiste, avec les analyses récentes des fossiles, ainsi que nos dernières études phylogénétiques, cela ne fait aucun doute. Les dinosaures n’étaient pas couverts de cuir, ni même d’écailles, mais de plumes.

– C’est impossible ! Toutes ces années, toutes les conférences que l’on a faites ! Les livres, les films, toutes ces images…

La directrice de recherche ré-enleva ses lunettes et se massa les yeux. Brusquement, elle releva la tête et fixa sa collègue d’un regard farouche.

– Brûlez tout. Tous ces documents, toutes les analyses, les échantillons. Effacez tout ça. Il ne doit en rester aucune trace. Personne ne doit savoir, vous m’entendez ? Si cela se savait, si le public apprenait que les dinosaures ressemblent à de vulgaires poulets… Ce serait catastrophique pour l’image de la recherche, et son financement encore plus.

La chercheuse la regarda, bouche-bée, tentant vainement de bredouiller quelque chose. Elle finit par repartir. La directrice se murmura à elle-même :

– Je suis désolée, mais c’est la seule solution…