Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

L’affrontement


Le trajet se déroulait désormais dans une ambiance sombre et maussade. Plus ils avançaient, plus la présence du Renard se ressentait. Les animaux migraient en plus grand nombre, l’air résigné :  lapins, grenouilles, hérissons… Et les dégâts étaient de plus en plus importants, végétation déchirée, abris éventrés.

La Tortue ne disait plus rien, elle gardait le visage fermé.

Désormais, elle marchait à contre-courant. Ses deux compagnons restaient dans un silence compatissant sur son dos.

Et enfin ils pénétrèrent dans la clairière des tortues. Elle avait été riante, couverte de fleurs alimentées par un petit ruisseau, offrant pierres et fougères pour s’abriter du soleil ou de la pluie. Aujourd’hui, les berges étaient lacérées, les pétales traînés dans la boue, les feuilles déchirées et les pierres renversées.

La Tortue resta juste au milieu, pour moitié en état de choc et pour l’autre bouillonnant de colère.

Alors qu’elle restait immobile, figée, des mouvements furtifs se firent entendre, mais rapides, trop rapides ! L’Escargot eut à peine le temps de tourner une antenne, et il ne put que voir la gueule pleine de crocs du Renard qui leur sautait dessus !

Mais dans la précipitation, et trop sûr de lui, il n’avait pas pris le temps d’observer sa proie. Il mordit violemment… le toit pointu de la maison de la Petite Personne. Il lâcha aussitôt avec un glapissement, juste avant de tousser violemment à cause de la fumée de cheminée qu’il avait inhalée.

— Sus au prédateur ! cria l’Escargot

– Taïaut ! s’exclama la Petite Personne

– GRAA ! grogna la Tortue

Et elle lui fonça dessus, à toute vitesse, lui rentrant dedans violemment, arrachant au Renard un cri de surprise.

Mais il se remit bien vite, et, montrant les dents, revint vite à la charge. Cette fois, il fut plus précautionneux, et attrapa la Tortue dans sa gueule. Elle se précipita bien vite à l’intérieur de sa carapace, dans laquelle les crocs raclèrent.

Mais dessus, la Petite Personne ressortit en courant de sa maison, et, une poêle à la main, commença à frapper du plus fort qu’elle pouvait le museau du prédateur, poussant des « han ! » et « prends ça ! » à chaque coup. L’Escargot se joignit au combat – « Parbleu ! Vous allez voir de quel bois je me chauffe ! » – et mordit profondément dans la peau sensible de la truffe. Comme cela ne suffisait pas, il se mit alors à boxer le Renard avec ses deux antennes !

Le Renard, n’y comprenant plus rien, tint un moment en leur louchant dessus. Face à tant de résistance, il finit par lâcher et s’inquiéter de ses blessures.

Mais la Tortue, agile, ressortit vivement. Elle ne lui laissa pas le temps de se reposer, et se jeta sur lui.

– Gnap !

Elle lui mordit violemment la queue, lui arrachant hurlement. Il la secoua en tout sens, essayant de lui faire lâcher prise, mais la Tortue tint bon. La Petite Personne arriva alors avec une bûche enflammée de sa cheminée, et mit le feu à la fourrure du Renard !

N’y tenant plus, celui-ci s’enfuit en courant dans la forêt, glapissant et jappant de douleur, et on ne le revit plus.


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