La violoniste


Elle se tenait seule et droite au milieu des décombres. Sous la poussière, on devinait les restes d’un immeuble totalement effondré. Dans sa main gauche, elle tenait un violon. Et dans la droite, son archet.

Elle cala son instrument sur son épaule et contre sa joue, puis brandit son archet dans un grand geste circulaire. Elle l’immobilisa à quelques centimètres des cordes. Elle resta un instant sans bouger, avant d’inspirer fortement, puis de relâcher doucement son souffle.

Et alors elle commença à jouer.

Doucement, d’abord, avant de prendre de l’assurance. Autour d’elle, la poussière fut repoussée. Puis elle revint et se mit à tournoyer, et à monter dans les airs, l’encerclant. Plus loin, les gravats commencèrent à trembler. Les notes sonnèrent plus fortes, et les gravats bougèrent légèrement. Plus fort encore, et ils décollèrent soudainement, emportés par le courant. Elle déroula sa mélodie, et les blocs de béton traversèrent l’espace pour revenir à leur position initiale.

Elle continua pendant une heure, puis deux, puis trois… Les murs s’étaient redressés, le toit reformé, et les pièces re-remplies.

Mais elle arrêta, et l’immeuble s’abattit dans un fracas assourdissant, soulevant un immense nuage de poussière, qui retomba lentement, très lentement.

On finit par distinguer quelque chose au travers. Elle se tenait seule et droite, au milieu des décombres, et tenait dans sa main gauche un violon.


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