Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

La rivière noire


Douglas remonta à la surface, battant des pieds et des mains en tout sens, luttant pour aspirer un peu d’air sans boire la tasse. Il projetait d’obscurs embruns de cette eau noire qui le ballottait en tout sens. Il se retrouvait successivement la tête hors de l’eau, toussant et crachotant, et complètement immergé, aspiré par les courants vers le fond, agitant les membres dans une vaine tentative de lutter.

Il se retrouva pris dans des rapides, jeté d’un côté à l’autre. Bam, son genou irradia de douleur. Bam, son flanc se tordit sous le choc. Bam, il eut à peine le temps de se protéger la tête avant de ressentir le coup dans ses avant-bras. Il se cognait à des pierres de partout, sans pouvoir rien faire de plus que de se protéger.

Il sortit enfin des rapides.

Une branche passa à coté et le percuta à l’épaule. Il ignora la sensation brûlante pour s’y accrocher immédiatement. Il devait toujours se battre pour rester à la surface, mais c’était soudainement devenu plus simple. Il tint jusqu’à sentir le courant ralentir.

Soulagé, il resta là, sans bouger, les deux bras passés par-dessus le morceau de bois, le reste pendant dans l’eau noire.

Petit à petit, le lit du cours d’eau s’élargit, et ralentit. Il eut un regain d’énergie et tira pour se remonter un peu. À ce moment précis, il sentit quelque chose sous ses pieds, qui remontait à la surface, le soulevant avec lui. Il se retrouva sur un radeau, allongé sur le dos, fixant le ciel.

Il se reposa comme ça.

Et il continua de descendre la rivière noire, porté par le courant. Jusqu’à se redresser, se lever, résolu, à prendre en main son trajet. Et commencer à naviguer à la voile.


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