Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

Writober 2021 #07 – Vague scélérate


Plus inspiré qu’hier, mais malgré tout pas une grande étape. Je dirais bien que je vais pouvoir me reposer, malheureusement je suis juste à côté d’une fête d’anniversaire qui aime bien les basses… On verra bien demain, hein.


Rego ramenait son bateau à la baie. Sans surprise, la pêche avait été mauvaise, et la journée déprimante. Le temps gris l’avait martelé de sa bruine incessante depuis maintenant 3 jours. Mais la mer était calme, trop calme. Le marin ne savait que trop bien ce que cela voulait dire.

Jetant un regard furtif autour, il aperçut ses confrères affairés, tout comme lui, aux tâches ordinaires. On rangeait ce qui devait être rangeait, attachait ce qui devait être attaché, et débarquait ce qui devait être débarqué. Rego savait qu’ils étaient tous en train de faire semblant. On préparait même le bateau pour partir le lendemain, comme si ce dernier était certain.

Mais tout se déroulait dans le silence. Aucune parole n’était échangée. Aucune mouette ne passait. Même le bruit des cordages et les craquements des bateaux étaient étouffés. On n’entendait que le clapotis de l’eau contre le rivage, régulier, monotone, et bien trop pesant. L’angoisse était tellement palpable qu’elle en devenait suffocante.

Rego termina rapidement de ranger son bateau. Personne ne souhaitait s’attarder. Il le quitta pour aller sur la grève, hissa sa petite barque. D’un pas pesant, il monta le chemin de terre battue qui menait au village de pêcheurs. Il se dirigea vers sa cabane sans un regard pour ses voisins, qui firent de même. Arrivé devant, il se retourna et jeta un regard de condamné sur son hameau. Dans la grisaille, sa tranquillité avait l’air sinistre. Il poussa la porte et rentra chez lui.

Il referma derrière lui. Puis il se barricada. Il poussa ses quelques meubles devant sa porte, et colmata toutes les brèches qu’il pouvait trouver. Une fois terminé, il alla se coucher, sans prendre de repas. Il se glissa dans son lit et s’y terra, sous ses couvertures.

Dans le reste du village, le calme régnait. Tous ses habitants avaient agi de la même façon, tentant de fortifier leurs abris. L’attente s’installa.

Non loin de là, sur la plage, la mer grimpa doucement à l’assaut de la terre. Ses vagues semblaient de plus en plus amples. Finalement, une ultime vague fut libérée comme un soupir. Elle ne s’arrêta pas à la ligne de marée.

Silencieuse, elle attaqua le chemin de terre. Elle escalada sans un bruit. Elle atteignit le village et se répandit dans ses ruelles. Elle passa sans s’arrêter devant certaines portes. Mais face à d’autres, elle parut hésiter, brièvement, avant de finalement s’avancer, se répandre autour et se couler à l’intérieur.

Lorsque les hurlements commencèrent, Rego s’enfonça plus profondément dans sa cachette, tremblant de tout son corps. Pleurant silencieusement de terreur, la morve lui dégoulinant sur la face, il était arrivé à court de dieux à prier.

Les pêcheurs savent que l’océan est un parent cruel. Il donne beaucoup de ses richesses, les offrant à ceux qui sauront venir les chercher. Mais, de temps en temps, c’est lui qui vient réclamer son dû.


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