Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

Writober 2021 #04 – Passe-muraille


Quatrième nouvelle ! Je n’étais pas hyper inspiré, mais je pense avoir finalement trouvé une idée intéressante. Elle sera peut-être à retravailler, un jour, comme les autres, d’ailleurs. Pas trop le temps, désolé. Peut-être quelques répétitions de vocabulaire, malheureusement, pour les mêmes raisons.


— Tenez, buvez ceci, et venez avec moi.

Alina se saisit d’un capuchon noir et se le mit sur la tête. Derrière elle, la famille assise regarda les fioles posées sur la table. Ils avaient l’air fatigués, tous les trois. Et effrayés. L’appréhension les dévorait. La mère, cependant, serrant sa fille sur ses genoux, affichait un soupçon de détermination au sein de son regard. Elle en aurait grand besoin.

— Nous allons devoir faire vite et discrètement. Quoi qu’il advienne, il faudra absolument que vous obéissiez instantanément à tout ce que je vous ordonne, c’est compris ?

Ils avaient bu la potion après à peine une hésitation. Ils portaient sombres, même s’il s’agissait probablement d’anciennes tenues blanches qui avaient beaucoup sali. Pour l’instant, ils avaient l’air de ne pas trop poser de problème. Elle voyait déjà les effets de sa potion sur eux, leur peau elle-même semblait griser. Elle serra son bâton dans ses mains.

— Très bien, on y va. Capuches.

XXX

Le petit groupe passait de zone d’ombre à zone d’ombre, Alina toujours devant, suivie par l’homme puis la femme qui tirait sa fille par la main. Aucun mot n’était échangé. Régulièrement, la meneuse faisait un geste de la main, et tout le monde se tapissait dans la cachette la plus proche.

Alors qu’ils traversaient un passage éclairé, un bruit de bottes se fit soudainement plus fort. Ils se précipitèrent dans le minuscule recoin entre deux maisons. Serrés les uns contre les autres, Alina s’accrochait des deux mains à son bâton en murmurant des paroles que ses compagnons ne pouvaient entendre. Les soldats passèrent à quelques pas d’eux, fusil à l’épaule et faisant claquer leurs bottes sur les pavés. Le groupe très mal dissimulé les entendit échanger à voix basse en russe. Ils ne furent pas repérés.

XXX

Le mur était désormais en vue. Le plus était fait, mais il restait le plus dangereux. Les abords du mur sont les mieux gardés. Alina ralentit d’autant plus l’allure, et s’accorda avant chaque mouvement de scruter longtemps les alentours.

— Eh ! Qui va là !

Cela n’avait pas suffi. Le soldat qui les avait apostrophés courait vers eux, arme au poing, suivi par d’autres ameutés par le cri. Alors qu’ils étaient pétrifiés, le militaire s’arrêta brutalement en les regardant étrangement et se mit au garde-à-vous. Il prononça quelque chose en russe.

Alina était agrippée à son bâton. Ses murmures étaient devenus très intenses. D’autres mots en russe. Des sillons de sueur lui couraient sur le visage. Les syllabes en russe furent répétés avec un froncement de sourcil. Alina se mit à trembler. Cette fois le russe aboya quelque chose sur un ton péremptoire. Alina cria :

— COUREZ !

Elle frappa le sol de son bâton et un éclair lumineux jaillit violemment en même temps qu’un hurlement strident. Elle virevolta et partit à la suite de ses compagnons, tournant le dos aux exclamations de surprise de leurs poursuivants. Courant à perdre haleine, droit vers le mur, fuyant les ordres qu’elle entendait venir des rues alentours.

Elle s’arrêta soudainement, laissant la famille fugitive foncer en avant. Elle se campa sur ses jambes et brandit son bâton, le pointant droit devant. Elle prononça des syllabes étranges et impossibles, et les répéta encore et encore. Un scintillement apparut sur la façade, loin devant elle. Elle fut saisie de tremblements violents alors que l’effet se précisait en un ovale brillant à taille humaine.

Des balles commencèrent à siffler. Le père, tout là-bas, traversa le portail, mais le reste de sa famille, en retard, courait encore. Un impact violent la poussa brusquement au sol. Le mur se referma instantanément. Alina, à plat ventre, sentit la douleur exploser dans épaule. Son omoplate la brula, très vite remplacé par un grand froid qui envahit tout son corps. Levant les yeux, elle aperçut la mère frappant le mur de ses poings, pleurant et hurlant, la petite fille tétanisée à ses côtés.

Sa dernière vision fut les militaires frappant les fuyardes à coups de crosse, les envoyant au sol.

Puis elle sombra dans l’inconscience, se vidant de son sang sur les pavés de Berlin.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *