Moté

La vie, c’est comme les mirabelles

Ressenti #3


Je crois bien qu’en ce moment, je suis branché sur secteur 230V en courant alternatif. J’alterne des périodes de bonheur intense avec des périodes de désillusions brutales.

Pour ce qui est du bonheur, pas besoin de chercher loin, suffit d’aller voir les derniers poèmes que j’ai postés pour comprendre.

Mais les désillusions… Des questions qui reviennent encore, et sans cesse. Et notamment, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma foutue vie ? À chaque fois que je pense avoir trouvé quelque chose qui me plaît, je finis immanquablement, et de plus en plus rapidement, par déchanter. Mon boulot actuel ? Après chaque période de cours, je suis content d’y revenir. Pendant à peu près deux jours, avant d’être à nouveau lassé.

Mes projets futurs ? Je sais dans quel master je vais postuler, un master en environnement, géographie et aménagement du territoire. C’est intéressant, ça me permettrait de me diversifier… Mais alors pourquoi vient-il tout à coup que je n’en ai pas envie ? Ferais-je mieux d’aller chercher un travail ? D’aller tout de suite économiser pour mon projet de vie non-professionnel ? Ou alors, est-ce que je peux sauter une étape, et y aller directement ?

Aux dernières nouvelles, j’ai très envie d’intégrer la colocation que j’ai prévue pour dans six mois… Pourquoi les doutes m’assaillent-ils ? Oh, bien sûr que ce serait sympathique, vivant et dynamique. Mais les problèmes ? Vais-je m’entendre, vraiment, au quotidien avec d’autres personnes, quand je suis en réalité très exigeant sur tout un tas de points de la vie courante ?

Autant de questions que je lance ici sans qu’elles n’intéressent personne, et c’est normal : elles ne concernent que moi et mes futurs colocataires.

Je crois l’avoir déjà mentionné, mais je me suis réinscrit sur LinkedIn il y a peu. Déjà que je n’aime pas offrir si gentiment mes données à Microsoft. Il a fallu en plus que j’y passe un peu de temps. Des fois, je déteste les réseaux sociaux. Cette tendance horrible et insupportable à se concentrer sur le paraître, chercher à donner non pas la meilleure image de soi mais celle qui sera appréciée, likée, partagée, vouloir tous paraître intelligents, quand il suffirait de moins passer de temps à faire ça pour en libérer pour réfléchir, et l’être vraiment.

Et ce décalage, horrible, encore et toujours, entre cette société perfide et malsaine, et ce en quoi moi je crois. Ces gens qui se prennent la tête, cette concurrence omniprésente, ces ambitions démesurées qui ne servent à rien. Ces personnes qui s’affrontent partout pour crier à pleins poumons que la meilleure façon de travailler, c’est celle-ci, qu’il faut faire ça pour sa carrière, qu’il faut chercher par là pour développer son entreprise. Alors que moi, je n’en veux pas de votre société du travail inutile, de votre consommation à outrance qui sert juste à occuper les citoyens et éviter qu’ils se rendent compte qu’il y a des connards qui se touchent les parties pendant que les autres bossent pour rien. Alors même que je suis de plus en plus convaincu que toute ma génération est malade parce qu’elle se rend compte qu’on fait n’importe quoi, juste pour continuer d’appliquer un modèle dépassé qui en plus aggrave les problèmes sociaux et environnementaux.

Et ces gens qui veulent raquer sur tout et n’importe. Et ces gens qui veulent payer la nourriture le moins cher possible, la grande consommation qui tire les prix vers le plus bas possible, au détriment des conditions de travail, des impacts environnementaux, de la qualité des produits, des sols et des plantes agricoles qui sont complètements détruites.

Et encore, et encore, ce temps qu’on perd, encore et encore, pour rien, encore et encore. La mort qui nous guette au bout du couloir, toujours. Et nous qu’on avance en courant, les yeux bandés et les oreilles bouchées. Alors qu’on devrait juste ralentir le pas.

Et ces premiers beaux jours, qui me passent sous le nez, parce que faut bosser. Cette ville, insupportable, quand moi je voudrais me poser en haut d’une montagne, sous un arbre dans les Cévennes, manger un sandwich ou une salade, seul, ou à deux, ou à plusieurs. Et sentir le soleil derrière mes paupières fermées. Et sentir l’herbe sous mes pieds. Et entendre les oiseaux chanter. Et la mousse transpirer. Et les feuilles crisser.


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